Comment un bassiste construit-il son « son » ?
Avant l’apparition de la basse électrique,
il y avait deux choix possibles pour remplir le rôle de basse :
Utiliser la contrebasse ou le Tuba
Comme nous l’avons vu dans l’article Histoire de la Basse, quand Léo Fender débarqua dans le paysage musical avec sa basse, cela permit de résoudre le problème du volume sonore ainsi que de la clarté et de l’attaque du son.
La basse pouvait maintenant jouer un nouveau rôle.
L’ instrument n’était plus noyé dans la masse sonore, mais clairement perçue dans le mixage.
Cela permit aux bassistes de se mettre plus en avant.
Sur le modèle Précision de Leo Fender, il n’ y a que deux potentiomètres :
Un potentiomètre pour le volume et un potentiomètre pour la tonalité
Depuis, les possibilités de choix se sont multipliées :
- Nombre et types de micros utilisés
- Placement des micros
- Types de cordes
- Electronique active/passive
- Equalisation intégrée à la basse
- Nombre de cordes
- Présence ou absence de frettes
- etc.
Comment le bassiste construit-il sa « signature sonore » ?
La manière dont chaque bassiste règle les éléments mis à sa disposition sur la basse elle même, sur l’ampli, et parfois sur les pédales d’effets, apporte une première réponse à cette question portant sur la construction de son « son » de basse.
1 / Choix de l’équipement : Basse – Ampli – Effets
Une basse ne sonne pas d’une seule manière, puisque sur chaque instrument il y a de nombreuses possibilités de réglage.
De plus, vous l’avez remarqué, aucune basse ne sonne de la même façon. Chaque modèle a un timbre différent.
Le bassiste choisit donc sa basse en fonction de ces différences, et du contexte musical dans lequel il va évoluer.
Ajouter des pédales d’effets au binôme Basse/Ampli.
Crunch, Overdrive, Fuzz, Distorsion, ou Saturation : Le premier effet utilisé à la basse fut la distorsion naturelle des amplificateurs.
Dans les années 1960, on fabriqua des pédales ayant pour but de générer cet effet, c’est ce que l’on appela : fuzzbox.
Paul McCartney enregistra « Think For Yourself » en utilisant une pédale de fuzz à la basse pour la première fois.
Compresseur : Cet effet est particulièrement prisé par les « slappeurs », étant donnée la grande amplitude des dynamiques générée par cette technique.
Un compresseur permet d’éviter les pics de volume lors d’attaques trop puissantes en diminuant la dynamique du signal.
Lire l’article complet sur l’effet de compression
Chorus : Il permet d’épaissir le son en lui ajoutant le même signal retardé et légèrement modifié.
Il donne l’impression que deux basses jouent simultanément.
Delay : Cet effet permet de répèter dans le temps le son d’origine en pouvant agir sur le nombre de répétitions et sur la vitesse de répétitions.
Jaco Pastorius l’utilisa dans son solo Slang.
Pour le funk, on trouve couramment des bassistes utilisant une pédale wah-wah ou une pédale d’octaver.
Notez qu’ aujourd’hui encore, beaucoup de bassistes n’utilisent pas de pédales d’effets.
2 / Signature Sonore
Comprendre la différence entre le timbre et le son n’est pas évident, et prête souvent à confusion.
- Le Timbre : Définition du timbre : la qualité particulière du son qui permet d’identifier la source sonore. Pour la basse électrique, différents éléments rentrent en ligne de compte pour la construction du timbre. Il ne faut pas oublier d’y ajouter l’importance de l’équipement lié à l’amplification et les effets. Le timbre dépend donc de l’addition de tous ces éléments.
- Le Son : Le « son » d’un bassiste, n’est pas aussi facile à définir. Le son est lié à l’instrumentiste, au musicien, et non à l’instrument ou au dispositif instrumental. Tout est dans les mains ! La manière dont le bassiste joue de son instrument, modèle de manière radicale le son de l’instrument. Nous pouvons utiliser ici le terme de «signature sonore».
En résumé :
Le bassiste commence par choisir les éléments qu’il souhaite mettre en relations (Basse/Ampli/Effets).
Ces éléments sont choisis en fonction du style de musique pratiqué, mais également de ses envies, de ses attentes et souvent dans les premières années, de copier un bassiste modèle.
On ajoute quelque chose au timbre de son instrument.
Ce n’est pas le « son » de l’instrument qui est imposé au musicien, mais bien l’inverse.
Il le crée, le modèle selon son désir et ce qu’il veut exprimer.
L’importance de la main droite
Souvent négligée dans les premières années de pratique, la façon dont vous utilisez votre main droite à la basse est déterminante pour ancrer votre signature sonore.
Les remarques qui suivent sont encore plus flagrantes lorsque l’on enregistre une basse directement dans une carte son sans traitement.
- Les doigts attaquent près du chevalet : Son nasillard – Beaucoup d’attaque – Peu de sustain – Peu de basses fréquences.
- Les doigts attaquent au centre : Bonne équilibre pour le sustain – Basses fréquences bien équilibrées – Bonne équilibre également pour l’ attaque.
- Les doigts attaquent près du manche : Moins d’attaque – Moins de médium – Plus de basse – Plus difficile pour contrôler la dynamique des basses fréquences.
Il y a toute une palette sonore disponible à partir de ces trois positions.
En variant de quelques centimètres vous pouvez obtenir un son très différent de celui obtenu avec la position précédente.
Trouvez les placements précis qui correspondent au sons que vous aimez.
Autres techniques utilisées pour élargir la palette sonore de l’ instrument :
- Le palme mute : permet d’obtenir un son avec moins de sustain – plus court – plus sourd
- Le médiator : souple ou dure, prenez le temps de bien le choisir. Variez l’angle d’attaque pour obtenir des sons différents.
- Le slap : technique de jeu qui permet d’obtenir un jeu très percussif. On utilise le pouce pour frapper les cordes et l’index pour tirer les cordes.
Signatures Sonores de quelques grands Bassistes …
Un exemple frappant !
La manière dont Jaco joue, modèle de manière radicale le son de l’instrument. Quelle que soit la basse qu’il utilise nous pouvons reconnaître le «son» Jaco. Même si il change de basse, passant d’une Jazz Bass frettée à une basse fretless sa « signature sonore » sera toujours très identifiable. Bien entendu ces deux instruments auront un son très différent mais le « son» Pastorius sera bien présent dans les deux cas.
Un son énorme !
Ici on a affaire à un Bassiste qui adapte son jeu de violoncelle à la basse, en utilisant l’accord de quinte en quinte (C- G – D – A). Le résultat : un son énorme reconnaissable dès les premières notes … le son Top ! Il utilise parfois la saturation de son ampli Ampeg SVT dont le gain est poussé au maximum pour obtenir ce son sale qui a marqué l’identité du groupe Magma. Du fait de l’accord particulier de son instrument cela le place sur autre terrain que les autres bassistes et l’oblige à chercher d’autres choses.
Conclusion
Pour ma part : un équilibre entre le son naturel de ma basse (qui sonne vraiment bien) mon ampli et la coloration de mes box.
J’ai un multi-effet en boucle send-return depuis l’ampli mais je l’utilise finalement très peu… Principalement un peu de chorus, réverb, quelques équalisations différentes en fonction du besoin et aussi la saturation/disto via une 12AX7
Le son « basique » que j’utilise la plupart du temps, c’est un léger boost vers les 250/300Hz et j’atténue un peu au dessus de 4KHz car les micros de ma basse prennent vachement fort les extrêmes aigus (ça slap bien !! )
En box : 2 boxes de 2×10’’ équipés Trace Eliott série 6 des années 90…. j’adore et 1 1×15 équipé en Solton-Craaft LS-400 années 90 aussi
ça ronronne 😛
La position de jeu aussi influe énormément sur la « signature » du son, j’aime jouer assez proche du chevalet et toujours au doigts, pour des médiums bien punchy et présents … et je me rapproche plus du manche pour un sond plus rond quand il faut envoyer de la patate, C’est vraiment en fonction du morceau, du moment…
Les cordes enfin…. j’en ai essayé quelques et pour le son de ma basse je retiens les Labella Super-step et les D’addario ultra-flex
(actuellement en D’addario ultra-flex)
C’est vrai que la position de la main droite influence énormément le timbre que l’on soit près du chevalet ou près du manche la « grosseur » et l’attaque du son est différente … Le soucis est que sur ma Jazz bass, il n’y a que deux micros et j’ai besoin de poser mon pouce sur « quelque chose » donc je suis toujours en train de poser le pouce sur l’un ou sur l’autre selon le style de musique que je joue … j’aimerai pouvoir attaquer les cordes entre les deux micros mais là, pas d’appuis … Bon … et ne me dites pas de changer de basse, j’adore ma Jazz basse !! 😉
Si c’est vraiment quelque chose qui te gène tu peux placer un repose pouce entre tes deux micros … sans percer le corps du coup 😉
Merci pour ce tour de la question très complet ! C’est vrai qu’aimer son instrument et
le faire chanter est un vrai bonheur. Parfois on est appelé à jouer sur un autre ampli
et là il est important de retrouver son « son » en jouant sur les réglages.
Aimer son instrument,dialoguer avec lui,et le faire parler !!! en quelque sorte même si le jeu est simple, il faut faire corps avec lui et suivre le tempo, comme une danse …
.. personnellement..je dirais plutôt que le plus gros défaut est le prix !!! La tête dont je rêve vaut 1800€ …!!! Je me suis acheté une lampe chinoise à 300€ avec la pédale » le bass » de chez » two notes » !!
Ça booste un peu , c’est pas mal …
Hello Pascal, pour moi, il y a une différence énorme pour le son de la basse qui vient de l’utilisation d’un ampli, soit à lampes, soit à transistors…
Merci pour tout 😉
Salut Simon. C’est clair ! De mon côté j’ai toujours eu du mal à revenir sur le son transistors après mon époque Ampeg SVT (tout lampes). Il y a plus longtemps j’ai également adoré une tête Trace Eliot tout lampes… le seul défaut de toutes ces têtes d’ampli : le poids 😉
Top !
C’est vrai qu’au début de l’apprentissage de la basse, je me suis focalisé sur la main gauche.
Depuis peu, je travaille aussi beaucoup la main droite.
De là à dire que j’ai mon son … dans quelques décennies peut-être 😊😊😊.
Pascal, encore merci pour ton boulot.
Bonne suite
Fred
Très complet, manque juste mon idole Flea ! Lui aussi est très reconnaissable ! Merci Pascal pour ce blog et cet article !